Poésie d'Aimé Césaire
Né le 26 juin 1914 décédé le 17 avril 2008
La femme et la flamme
(1913-2008)
Un morceau de lumière qui descend la pente d’un regard
l’ombre jumelle du cil et de l’arc-en-ciel sur le visage
et alentour qui va là angélique et amble
Femme le temps qu’il fait
le temps qu’il fait peu m’importe
ma vie est toujours en avance d’un ouragan
tu es le matin qui fond sur le fanal une pierre de nuit
entre les dents tu es le passage aussi d’oiseaux marins
toi qui es le vent à travers les ipoméas salés de la connaissance
d’un autre monde s’insinuant
Femme tu es un dragon dont la belle couleur s’éparpille et s’assombrit
jusqu’à former l’inévitable teneur des choses
j’ai coutume des feux de brousse
j’ai coutume des rats de brousse de la cendre et des ibis mordorés
de la flamme
Femme liant de misaine beau revenant
casque d’algues d’eucalyptus l’aube n’est-ce pas
et au facile des lisse nageur très savoureux
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